mardi 27 août 2013

Baiser

12.05.04

« baiser au goût d'éternel et d'inachevé »

Évocation de l'empreinte...
.... de la sensation du premier baiser.
 La sensation qui revient, qui s'invite et qui crée le creux du sentiment au ventre, l'anticipation et le manque, l'excitation et la douceur, le cœur qui tombe au fond de l'âme puis qui s'emballe.

Après vient l’apaisement de la certitude d'une nouvelle fois et du renouvellement de ce toucher intime et délicieux, l’expectative du désir et de l'incertitude de la douceur tendresse.

Edit : retrouvé dans un carnet sans autre mention

vendredi 16 août 2013

Parts de Vous : Augustine

Ai-je encore besoin de vous expliquer le principe de "Parts de Vous"? Chaque texte reçu est singulier, unique et pourtant si universel. Et j'en veux encore vous savez! Et vous aussi semble-t-il car vous lisez ceux que je mets en ligne... Qu'attendez-vous pour vous exprimer? Je n'attends plus que vous! 

Aujourd'hui, c'est Augustine qui nous livre une part d'elle qui m'a profondément touchée. Je me suis sentie particulièrement concernée car ce qu'elle partage, une amie l'a vécue à sa manière. j'étais extérieure à cette aventure mais assez proche pour en suivre les étapes. Ce texte a été une magnifique surprise car je ne m'attendais pas à le recevoir ni de cette personne qui a choisit ce pseudo pour aujourd'hui. Je la remercie du fond du cœur.

Elle nous parle d'un moment qui a changé sa vie à jamais...

Augustine a accepté que les commentaires soient ouverts sans savoir encore si elle vous répondra ou non. 
Chacun peut avoir un point de vue sur la question, cela ne veut pas dire que cela peut être exprimé n'importe comment. En ce qui me concerne, si je constate le moindre dérapage, je supprime ce qui est dit. Aucune tolérance. 

Place à Augustine et à sa "Petite Pâques" :

"La petite ligne est formelle: je vais être maman! D'accord, petit bonhomme vient à peine de s'installer, et nous ne savons pas encore que les mois à venir ne vont pas être simples, mais il est bien là, et c'est déjà un miracle.

Je vais être maman, et pourtant je ne suis pas enceinte. Je sais même depuis trois jours que je ne le serai jamais. J'ai essayé, beaucoup, pendant plusieurs années. Mais cet été, nous avons décidé de renoncer si aucun petit Jésus ne s'annonçait avant Noël. Et voilà, décembre est déjà là et mon tout dernier essai a échoué vendredi.

Un vilain mot me trotte dans la tête : nullipare. Le terme technique pour parler des femmes qui n'ont jamais porté d'enfant. Mes larges hanches et mes seins lourds étaient pourtant faits pour ça, non ? Non. Nullipare. Nulle. Nulle. Nulle. Nulle part. Même pas stérile, si ça se trouve. Dans d'autres circonstances j'en serais peut-être déjà à coudre à la chaîne les costumes de fête de fin d'année. Non, nullipare. Presque comme si je l'avais choisi.

Je prends le temps des bercer ma tristesse, bizarrement assez légère. Je m'attendais à ce dernier échec, j'avais eu le temps de m'y préparer. Et puis je ne me sens pas vide. Pas du tout. La vie bouillonne, là, pas loin. Le dimanche matin, la petite ligne bleue vient le confirmer. Ma compagne est enceinte ! Son dernier essai à elle aura été le bon. Elle rigole et parle d'un but à la 94e minute, sur la toute dernière action du match.

Pour moi, c'est une petite Pâques. Mon fils a attendu que je renonce complètement à être sa mère de sang et de droit pour pointer le bout de son nez. Il ne serait pas là si je ne l'avais pas ardemment désiré, mais il ne me doit rien. Il a tenu à ce qu'il n'y ait entre lui et moi qu'un seul et unique lien, le plus fragile, le seul qui compte vraiment : l'amour."
 

vendredi 9 août 2013

Lâcheté ordinaire

Elle a entre 45 et 60 ans je dirais. Le visage rond, les yeux en amandes, les pommettes hautes, la peau ridée. Burinée par le grand air, les soucis et la misère. Elle n'est pas bien grande et assise sur cette caisse en plastique elle parait même ratatinée. La tête recouverte d'un fichu marine avec des fleurs. Elle doit venir de quelque part du centre de l'Europe ou des Balkans. Elle est toujours au même endroit à chaque fois que je viens faire mes courses, quelque soit l'heure. Le même endroit, le même carton avec quelques mots écrits au marqueur noir et qui s'abîme avec le temps qui passe. Elle interpelle parfois dans un français sommaire et teinté d'un accent que je ne reconnais pas. Elle tend la main, parfois. Une main usée, râpée, enserrée dans une mitaine en laine, ravaudée et de couleur indéfinissable. Elle se tait, souvent. On se croirait presque dans Germinal.
Et nous, on passe à côté en détournant le regard souvent. Une de plus. Il y en a tellement. Parfois l'un ou l'autre d'entre nous en sortant lui dépose subrepticement quelques provisions. Qui du lait, qui un sandwich, qui du pain ou quelque chose à boire. Ou quelques pièces, rarement autre chose que des centimes à en juger par le contenu de sa coupelle. Personne ne la regarde vraiment en face ni dans les yeux. Moi la première. Aujourd'hui, j'ai découverts qu'Elle a des yeux bruns clairs et un sourire édenté. Elle exprime sa reconnaissance de ce qui lui est donné. Mais reconnaissance de quoi ?!! Elle devrait être en colère, nous alpaguer et nous mettre face à sa réalité. Au lieu de ça elle remercie avec le sourire. AVEC LE SOURIRE !

Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond putain ?! Comment en sommes nous arrivés à passer à côtés de ces personnes, jeunes, vieilles, hommes, femmes, d'ici et d'ailleurs, sans plus les voir, sans vouloir ne serait-ce que les regarder ?!
Je ne vais pas faire d'angélisme en disant qu'il faut accueillir tout le monde, que le capitalisme c'est mal, que c'est la crise ma pov' Lucette ou que l'on vit dans le pays des Droits de l'Homme ou dans un pays de merde, au choix. Je sais bien que c'est plus compliqué que ça. Je sais que beaucoup rament pour joindre les deux bouts et se débattent pour garder la tête hors de l'eau.
Mais bordel ! Comment en sommes nous arrivés là ? Comment en 2013 peut-il y avoir des personnes qui peinent à manger à leur faim tous les jours ? Comment est-ce possible au milieu de cette gabegie colossale alors que des stocks de nourriture sont détruits chaque jour, que des producteurs d’œufs, de viande, de légumes, de fruits détruisent des stocks et ne parviennent même plus à vivre de leur production ?! Oui, je sais : on produit trop, les lois du marché, tout ça... Merde, y'a pas moyen que ça change un peu ? Que nous redevenions humains ?

Cette femme n'est que la partie émergée de l'iceberg de la misère. Il y a quantité de personnes qui se posent la question de leur subsistance bien avant la fin du mois mais elles sont invisibles car ont un « toit » sur leur tête ou se cachent pour échapper aux regards, à l'administration.
J'en entends me dire : oui mais il y a des aides, elles en profitent bien, elles utilisent le système. Ah oui ? Allez leur demander ce que cela fait de dépendre du bon vouloir d'autres personnes pour juste survivre. De dépendre de la charité alors que tout ce qu'elles veulent c'est vivre du fruit de leur travail. Question dignité, je vous jure, ça se pose là et c'est dur à supporter. Ça n'est pas moi qui le dit, c'est ce que j'entendais lorsque j'allais sur le terrain. Cela remonte à deux ans mais j'ai plus l'impression que ça a empiré qu'autre chose. D'autant que je ne voudrais pas dire mais question gestion cohérente des aides publiques ça se pose là (mais bon, c'est un autre sujet). Et ne me parlez surtout pas d'assistanat car je risque de perdre mon sang-froid...

Remarquez, je fais partie de nous qui détournons le regard et contribuons à faire de toutes ces personnes des fantômes, des silhouettes monotones et monochromes que l'on ne voit plus. Qui ne sont plus que des ombres furtives dans notre champ de vision périphérique.
L'argent, je n'ai rien contre. Les personnes qui en gagnent non plus. Là où je suis perdue c'est lorsque cela devient un but en soi. Plus, toujours plus et encore plus. Mais pour quoi faire ? Il y a bien un moment ou, selon ses besoins et ses envies, on en a assez pour vivre vraiment bien, non ?
Je suis née du bon côté de la barrière. J'ai juste tendance à l'oublier ou à le perdre de vue, me perdre de vue.
Manque de courage. Ne serait-ce que de m'arrêter, la regarder et parler avec elle pour connaitre son histoire. 
 
Petite chronique de ma lâcheté ordinaire...

dimanche 4 août 2013

C'est quand le bonheur?

Quelques quartiers de nectarine posés sur un mouchoir et picorés après l'amour. Un colis reçu de manière inattendue empli de choses délicieuses, faites maison. Rouler face au soleil sur cette route empruntée des dizaines de fois et toujours avoir le sourire en voyant cette éolienne gigantesque au sortir du virage. Fêter 25 ans d'amitié sur le banc dans le jardin avec quelques chips et des mojitos maison. Respirer son odeur au creux de son cou et rester là, à suspendre le temps. Voir les fleurs s'ouvrir. Faire un tour en RER et presque me prendre pour Actarus. Partir dans un grand éclat de rire en lisant un tweet.Apprendre une naissance à venir et sourire en imaginant les parents qu'ils seront. Entendre la pluie, blottie sous la couette, me bercer dans la nuit. Réussir un écrit difficile et le valider haut la main. Aller à une expo photo magnifique avec une amie. Retrouver la tribu après une longue absence. Sentir sa main chercher la mienne dans le sommeil. Écouter cette mélodie connue par cœur, si fort que cela résonne dans la poitrine. La saveur du curry rouge. Dire oui, faire une valise et monter dans un train. Avoir Margoulette Zébulone qui vient tranquillement s'installer au creux de mes bras après le bain et faire un long câlin, en humant son parfum d'enfant. M'ennuyer, un peu. Désherber le jardin. Voler haut dans le ciel et avoir à nouveau 7 ans. Ressentir le manque parce que si des personnes me manquent c'est qu'elles font partie de ma vie et que je ne suis pas seule. Ces baisers échangés sur ce quai de métro. Rentrer à la maison. Bidouiller un meuble à chaussures. Manger des moules frites à 3h de l'après-midi. Croquer quelques fraises tout juste cueillies. Le regarder sans qu'il le sache et sentir mon cœur perdre son rythme. Déjeuner ou dîner avec des personnes formidables. Les fous-rires aux larmes avec cette amie à l'évocation de certains souvenirs. Les longs moments de solitude. La lumière dorée du soir qui tombe. Être attendue sur un quai de gare. Me découvrir autre. Le beurre qui fond sur la tartine juste sortie du grille-pain. La terre après la pluie...

Je pourrais continuer cette liste encore et encore mais cela va finir par être écœurant. Je ne sais pas comment c'est arrivé ou plutôt à quel moment j'en ai pris conscience. Il n'y a pas eu de coup de tonnerre. Pas d'annonce particulière. Pas de trompettes. Pas d'événement spécial. Je me suis juste dit « Elle avait raison : les gens heureux n'ont pas d'histoires ». Elle ? Une de mes grand-mère. Elle m'a enseigné quantités de choses (oui, celle qui m'a appris à filer et à broder, entre autre. A skier aussi.). Elle était persuadée que j'avais quelque chose de particulier, une manière singulière d'aborder la vie. Je ne savais pas alors de quoi elle parlait. Et en pensant à elle, son rituel du soir m'est revenu. Elle était aussi très croyante. Petite fille, lorsque je dormais chez elle ou que j'étais en vacances avec elle, tous les soirs, elle me faisait une croix avec son pouce sur le front et me souhaitait bonne nuit en me confiant à la protection du Saint-Esprit. Je ne peux pas dire que je suis vraiment croyante aujourd'hui. Pourtant quelque part, je ne sais pas, mais je suis sacrément protégée finalement.
Au milieu de toutes mes incertitudes et dans le flou qu'est ma vie, les petits bonheurs s'enchainent, les uns après les autres. Ils n'empêchent pas les peurs, les crises de panique et les galères mais ils sont là. Je crois qu'il y en a toujours eu simplement je ne les voyais pas ou je ne savais pas les vivre quand ils se présentaient. J'étais dans l'après. Aujourd'hui, j'arrive à peu près à être dans le maintenant.

Parfois je me dis qu'il ne faudrait pas que je m'y habitue parce que ça va bien finir par s'arrêter. Souvent je regarde autours de moi étonnée de ce qui se passe. Parfois je me dis que c'est la vie, tout simplement. Souvent j'ai bien conscience d'être privilégiée. Parfois j'ai l'impression que cela tient du miracle. Souvent je souris aux anges et j'ai l'air bête.

Vous trouvez que ce que j'écris est dégoulinant de guimauve et de clichés ? Que la vie c'est pas ça et que la vie, la vraie, c'est dur, âpre et parfois violent ? Probablement. C'est pas faux. Mais ça n'est pas QUE ça. L'éternelle pessimiste que je suis est en train de virer sa cuti. Oh, pas non plus de manière radicale, il ne faut pas exagérer ! Mais juste assez pour voir les choses un peu différemment. C'est l'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide. Enfin, je crois. Remarquez, moi le verre, je le bois au lieu de me poser la question...

Et si c'était ça être heureuse, maintenant, tout simplement ?