mercredi 18 septembre 2013

Over ou au vert ? Dans tous les cas : lâchez-moi ...

Je vais vous parler de mes ovaires ou plutôt de l'utilisation que j'en fais. Que ceux – celles que cela choquent/dégoûtent/indignent/dérangent d'entendre parler de vagin, d'utérus et d'ovaires se dirigent tranquillement vers la sortie et vaquent à leurs occupations.

Qu'est-ce qui fait que je veux vous parler de mes ovaires ? En fait, je ne veux pas réellement vous parler de mes ovaires mais d'une situation qui découle d'un choix que j'ai fait il y a des années et qui n'est pas sans répercutions sur ma vie.

Sans enfant. J'ai décidé il y a des années (en y regardant, deux décennies déjà) que je ne souhaitais pas mettre d'enfant au monde. Plusieurs raisons à cela. Quand je regarde notre planète aujourd'hui, nucléaire, chimique et guerrière (entre autre) je ne pouvais juste pas me résoudre à faire naître un être qui aurait à grandir et évoluer dans un tel environnement.
Et puis, un peu plus de 10 ans à travailler dans la prévention et la protection de l'enfance ont profondément ancré mon choix.
Ce que je dis ne concerne que moi c'est à dire que je ne juge pas les personnes qui choisissent de devenir parents. Chacun a un rapport au monde différent. Je ne juge pas mais apparemment la réciproque n'est pas toujours vraie...
Nullipare... J'exècre ce mot à un point ! Il est laid. Dissonant. Il m'agresse, me dégoûte. Mais c'est le terme usité parait-il... Quand je regarde la définition dans le dictionnaire, ça donne quelque chose comme « qui n'a jamais mis bas ou accouché »... dont acte.
Donc, parée de ma nullité en la matière, j'arpente mon existence et je suis plutôt heureuse de la vie que j'ai. J'assume mes décisions, tranquillement.
Seulement voilà, pour je ne sais quelle raison, il semblerait que franchement c'est du grand n'importe quoi de ne pas vouloir être mère. Si, si ! Je vous assure !! Très régulièrement j'entends des réflexions ou j'observe des regards qui laissent entendre que j'ai du déposer mon cerveau en consigne le jour où j'ai fait ce choix.
Parce que c'est un marqueur social les enfants. Lorsque je rencontre des personnes que je ne connais pas (ou que je discute du sujet avec certains amis d'ailleurs) après la question de où je viens et de mon travail celle des enfants n'est jamais loin. Les personnes courtoises et polies prennent acte de ma réponse et passent à autre chose. D'autres changent de visage (consterné, grave, suspicieux, interrogateur, doutant...) ou s'expriment sur le sujet avec plus ou moins de délicatesse.
Petit florilège des réflexions qui émanent à 95% de femmes, je le précise :

  • « Ah nan, mais chai pas comment tu fais... » : je me souviens avoir répondu un jour que c'était ce à quoi servait la contraception mais je crois que ça n'est pas ce que voulait dire la personne qui a été choquée de ma réponse.
  • « Tu n'en veux pas... pour l'instant » : effectivement n'étant qu'une femme décérébrée et incapable de réfléchir à ce qu'elle veut, je ne PEUX PAS avoir décidé une telle chose. Plus les années passent plus je trouve cette remarque ridicule. Entendre ça à plus de 40 ans me donne maintenant envie de rire, ce que je fais souvent en disant que je suis en DLUO* dépassée de mes ovaires. Zut, je choque encore !
  • « Tu n'as pas rencontré la bonne personne pour les faire, c'est tout » : La bonne personne ? LES ? … no comment
  • « Ma vie a pris un sens le jour où je suis devenue mère, tu verras... » : Tout ce que j'espère c'est que que tu as réfléchi au sens de ta vie (et au sens que cela avait d'avoir des enfants) AVANT la maternité parce sans vouloir bitcher : c'est avant et pas après qu'il faut se poser la question... Rassurez-vous, je me tais en général et je hoche la tête.
  • « T'es une vraie féministe toi !» : là, comment vous dire... J'en suis restée bouche-bée avant d'exploser d'un rire consterné qui a vexé mon interlocutrice.
Et puis, il y a les remarques qui me blessent même si je ne le montre pas. Celles qui viennent toucher au cœur et font sourdre des larmes invisibles.
  • « Tu n'aimes pas les enfants » généralement dit d'un ton un peu méprisant ou affirmé, venant me juger sans même connaître et me cataloguant comme... je ne sais pas quoi en fait. Effectivement je n'aime pas tous les enfants de la planète mais généralement je les kiffe. Les enfants m'émerveillent. Leur capacité à découvrir le monde, à s'étonner, à s 'exprimer. Leur intelligence, leur malice, leur grâce... Je pourrais écrire des pages sur eux mais ça n'est pas le propos. C'est peut-être parce que je les aime que je préfère ne pas en porter et en mettre au monde.
  • «Ah oui t'es une égoïste toi » : ah... si tu le dis, je dois être une horrible égoïste de ne pas vouloir devenir mère... Je crois qu'il vaut mieux ne pas l'être que d'en être une mauvaise, mais c'est juste mon point de vue hein.
  • « De toute façon, on ne deviens femme que lorsqu'on devient mère » : là, c'est simple Je.t'emmerde.et.je.conchie.ce.que.tu.dis. Ça me met en rage d'entendre de tels poncifs et je me demande toujours « mais alors, que suis-je à tes yeux ? » mais je ne le verbalise pas. Être une femme ce n'est pas juste avoir vagin-utérus-ovaires à des fins maternisées et des seins. Et heureusement bon sang ! Je me sens, je suis femme de toutes les manières possibles et je crois que je ne suis pas la seule à penser que j'en suis une, de femme...
J'ai eu des moments où je me suis posée la question. Parfois cela me traverse encore l'esprit. Je m'éclate lorsque je suis avec les enfants. Je suis Tata de sang et de cœur d'une flopée de petits (et grands), marraine aussi. Je suis imbattable sur le changement de couches, les bibs, les Duplo et les Kapla. J'adore lire des histoires et mimer les animaux. Les bébés s'endorment assez facilement dans mes bras et je ne suis pas avare de câlins lorsque les petits bras se tendent. J'étais là et ai assisté, avant leurs parents, aux premiers pas de ma nièce ou de mon filleul. J'ai tenu des mains, ramassé des tonnes de cailloux, de brins d'herbes, de coquillages. J'ai sauté dans des flaques d'eaux et joué à chat. J'ai séché des larmes et j'en ai, malgré moi, suscité parfois. J'ai descendu des pistes vertes en chasse-neige avec des minis accrochés à mes mains ou à mes genoux. Avec les plus grands, j'ai des discussions plus sérieuses et je reçois parfois des confidences. Et tant d'autres choses... Mais être parent n'est pas un engagement en CDD. C'est un CDI dont on ne démissionne pas , en général. Donc, non.

Alors une partie de la société me regarde comme une espèce de singularité qui ne veut pas se plier aux codes sociétaux ancestraux. Sans parler des effets inattendus que cela a eu sur ma vie professionnelle.
Par exemple, lorsque je travaillais dans MonAssoDavant, il était écrit dans le règlement intérieur que les parents avec enfants en âge scolaire étaient prioritaires, en cas de «litige », pour prendre leurs congés sur les temps de vacances scolaires justement. Donc plusieurs fois, je me suis fadé des permanences, j'ai du décaler des dates parce que les collègues « avec enfants » étaient prioritaires. Ah bah oui quand t'es statutairement célibataire (= pas mariée ou pacsée ou officiellement en couple) ET sans enfants.. mais ma pauvre quoi ! Forcément t'as pas de vie et tu dois assurer les bouses de planning... Le jour où j'ai ouvert ma grande gueule de celle qui ne sait pas se taire et ai commencé à interroger ça, on m'a regardé avec des yeux ronds et en fronçant les sourcils. J'ai même osé prononcer quelque chose comme « c'est une forme de discrimination »... Que n'avais-je dit !!! Alors quand j'ai ajouté qu'avoir des enfants était un choix personnel et non une compétence professionnelle et qu'autant on nous demandait d'avoir une voiture personnelle mais que avoir des enfants n'était pas une obligation pour être embauchée à MonAssoDavant... C'est marrant mais même les plus ouverts et progressistes de mes collègues (parents eux-même) ont protesté. Ça n'est pas arrivé souvent en plus de dix ans mais c'était néanmoins écrit donc institutionnalisé.
Parce que ne vous en déplaise (je sens que je vais en hérisser quelques-un-e-s...^^) fonder une famille, élever des enfants, cela relève du choix personnel (comme de ne pas en avoir d'ailleurs). Et j'ai assez lu que c'était illégal de demander en entretien d'embauche si on avait des enfants, si on voulait en avoir, si on était marié, etc …Et que c'était discriminatoire de tenir compte de ces critères pour le recrutement.
Donc, faut être cohérent : si c'est discriminatoire de se baser sur ces critères pour une embauche, ça l'est tout autant de les utiliser afin d'avoir des avantages par rapports à d'autres salariés. Autant, les primes de crèches, jours de congés supplémentaires, primes de mariage, naissance, passent encore parce que cela n'avait aucune incidence sur l'exercice des fonctions. Mais cette histoire de congés... J'ai bien tenté d'expliquer que mes poissons rouges et mes plantes vertes avaient besoin de mon attention mais étonnamment ça n'a pas eu l'effet escompté. Et j'avais à chaque fois une pensée pour cette collègue qui n'avait pas pu avoir d'enfants alors qu'elle et son mari en voulaient tellement...
Plus sérieusement, mon compagnon de l'époque avait des enfants donc les vacances en « famille » ... Ou plus simplement les vacances avec les amis ayant des enfants en âges scolaires... On peut être célibataire sans enfants et avoir une vie personnelle imprégnée malgré tout par les rythmes des enfants, des autres...

Bref, tout ça pour dire que lorsque j'ai fait le choix de ne pas utiliser mes ovaires et mon intimité interne à des fonctions reproductives, je ne pensais pas que cela pouvait avoir ces incidences (et d'autres...).
Ce qui m'agace le plus est que je suis souvent taxée d'intolérance vis à vis des familles lorsque je m'exprime sur le sujet. Genre une femme dans le style NoKidsWarrior. Ça doit être ça...
Juste... en quoi ça peut déranger qui que ce soit, expliquez-moi ça voulez-vous ?!

* DLUO : Date Limite d'Utilisation Optimale 
 

18 commentaires:

  1. Je suppose que les gens ne "comprennent pas" parce qu'ils n'ont pas, comme tu le dis si justement, ce même rapport au monde. Sauf que personne ne leur demande de comprendre, ni même d'accepter... à vrai dire je pense que tu te moques bien de leur avis sur la question ;-)
    Pour ce qui est des congés, n'étant pas mère non plus, je subis la même discrimination au boulot "ah non, tu ne peux pas poser de congé ce mercredi, tu sais c'est mercredi, donc beaucoup de tes collègues ne travaillent pas" ou "tu veux 3 jours pendant les vacances de la Toussaint ? on va attendre de voir comment s'organisent tes collègues pour la garde de leurs enfants"... tiens donc.
    Ceci dit j'ai la chance extraordinaire que mes collègues comprennent tout à fait mon point de vue sur la question. Bien sûr elles profitent des avantages auxquels elles ont droit (et elles ont évidemment raison de le faire, après tout, c'est institutionnalisé, alors autant en profiter !), mais elles comprennent tout à fait que les non-parents trouvent cela injuste et s'expriment en ces termes à ce sujet. Et bien souvent, on s'arrange entre nous, parents et non parents, en couple et célibataires, hommes et femmes parce qu'avant tout, nous sommes tous des êtres humains !
    Ton billet me fait prendre conscience de la chance que j'ai d'être entourée de personnes qui souhaitent cohabiter en toute intelligence, sans abuser - tout en profitant - de certains privilèges et qui ne jugent pas mes choix de vie, aussi bien que je n'ai aucun avis sur les leurs.
    (Sinon, sur la forme : je ne sais pas à quoi ressemblent tes ovaires mais ta plume, elle, elle est sacrément belle !)

    Isa

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    1. Merci pour ton commentaire :-)
      Chacun est libre de ses choix et de ses avis tant que cela ne devient pas des jugements de valeur, oui... Et tu sembles avoir un environnement de travail qui permet les échanges et discussions ;-)

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  2. Bravo! Tu as transcendé la condition humaine en ne remplissant pas la seule raison que l'on est sur terre à savoir la perpétuation de l'espèce. La "norme sociale" est résumée dans cela et tout ce qui est "déviant" est rejeté : homosexualité, nulliparité, ...

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    1. Ah... je ne sais pas si j'ai transcendé quoi que ce soit mais j'essaye surtout de vivre en accord avec moi même et mon rapport au monde... Merci pour ton commentaire :-)

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  3. Je n'avais jamais envisagé le coup des vacances comme ça...
    à bien y réfléchir on peut imaginer que la norme sociale étant que l'on aura tous à un moment donné des enfants en age scolaire, notre tour viendra ou est passé d'être prioritaire sur les congés. Chacun son tour quoi...
    Mais si ton tour ne vient jamais... ce concept ne fonctionne plus. Dans les boites à taille humaine où j'ai eu la chance de bosser, c'est plutôt "chacun donne ses souhaits de congés" et la/le DRH essaie de faire au mieux, on peut aussi faire chacun son tour d'une année sur l'autre, du moment qu'on le sait à l'avance.
    Bref tout cela n'est que l'aspect pratique de la chose, l'aspect culturel serait de ne pas saouler les gens qui choisissent de ne pas avoir d'enfants. Tout simplement.
    Pour finir, je dissocierais tout de même la problématique : en effet on peut choisir
    - d'être mêre/père = "je veux des enfants, pour moi, égoïstement" (je grossis le trait)
    - d'avoir des enfants = "je veux accomplir quelque chose, les préparer du mieux possible à la vie, faire de mon mieux pour eux en tant que parent"
    Je trouve que ce n'est pas exactement la même chose, l'un n'étant pas mieux ni moins bien que l'autre !
    @frenchwayfarer

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    1. Je te rejoins en effet : beaucoup de parents choisissent d'avoir des enfants pour différentes raisons. J'ai envie de dire qu'elles n'appartiennent qu'à eux et qu'il y juste à respecter leur choix. C'est surtout de cela dont il s'agit : le respect des choix même lorsqu'il ne sont pas forcément compris. Être parent est difficile et demande une certaine foi/un certain optimisme en la vie et j'admire les personnes qui font ce choix. Je ne les envie pas mais je reconnais qu'elles s'engagent dans quelque chose de fort.
      Je regrette seulement que les choix des uns et des autres ne soient pas aisément acceptés pour ce qu'ils sont, sans jugements de valeurs et sans créer de "scission" : ceux "avec" et ceux "sans"... c'est tellement plus subtil et complexe :-)
      Merci pour ton commentaire! :-)

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  4. h ben dis donc ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu une mise en perspective de l'éternel débat (enfin pas si éternel que cela puisqu'il apparaît, à peu de choses près, au moment de la "déclericalisation" - Alerte néologisme - de la société) entre "ceux qui en ont" et "ceux qui n'en veulent pas"
    Tout d'abord, en propos liminaire, je ne couperai pas aux précautions d'usage qui sont les suivantes:

    - Comme dit le poète : Chacun fait fait fait, c'qui lui plait plait plait (ou presque)
    - Quand cela touche à soi, tout seul, sans son cartable, il n'y a pas de bonne ou mauvaise décision
    - Tout propos tenu ci-dessous n'a pas pour but de blesser, choquer, contredire ou confirmer une opinion préconçue de l'auteur ou une interprétation personnel de celui-ci (oui oui, je vous connais "Si tu dis ça c'est que tu penses ça..." ça vous dit rien ?)
    - Fondamentalement, je suis viscéralement pour que chacun se sente libre, c'est-à-dire puisse faire tous les choix nécessaires à son bonheur pour autant qu'il n'entame pas celui des autres.

    Voilà ! Pfiou ! Ceci étant dit et les trolls ayant, je l'espère, été écarté, je souhaiterais réagir à cette défense sous forme de "coup de gueule" d'un choix que tu dis avoir fait quant à l'utilisation de tes ovaires. Je te rassure de suite, je n'ai aucun problème dit "de valeurs" avec ce choix encore que je ne vois pas bien en quoi c'est mal d'avoir des valeurs qui servent de temps en temps (pour rappel, se servir de ses valeurs permet bien souvent de les aérer pour éviter qu'elles moisissent).
    Non ce qui me fait réagir, c'est finalement cette négation du jugement. J'ai le sentiment que, dans le monde actuel, on a réussi à nous faire croire que nous étions capables de "ne pas juger". Je prétends moi que c'est impossible et que cela est même dangereux. J'ai la conviction qu'en fait le fait de "juger" est inhérent à la nature animale de l'être humain et qu'en fait la "grandeur" de l'Homme est la capacité à ne pas ériger en dogme ces jugements, c'est-à-dire à les remettre en question.
    Cette capacité est d'ailleurs, à mon sens, une bonne mesure de ce que l'on pourrait appeler "l'intelligence sociale"

    Ceci étant posé, il est indéniable que recevoir, ressentir le jugement des autres à une décision aussi intime que celle de faire partie du cercle pas si restreint que cela des nullipares, n'ai ni aisé ni agréable et peut légitimement amener à une certaine forme de révolte de la part de "l'agresser".
    Toutefois, il faut aussi parfois, quand les choses ne sont pas aussi clairement exprimées, se méfier de ne pas attribuer à nos interlocuteurs un jugement qui n'est pas le leur mais bien celui que l'on pense qu'ils ont (Toi, comme je te connais, tu penses "ça" !).

    [Ce blog n'acceptant pas les commentaires de plus de 4096, j'ai été contraint de séparer le mien en deux donc ... fin de la partie 1... to be continued]

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  5. [suite du commentaire ci-dessus ... le retour de la vengeance positive]

    Tu arrives à ce moment de ce commentaire peut-être en pensant que j'ai un jugement de valeur sur ton choix et bien tu auras raison mais comme en définitive, et c'est ton droit le plus strict, tu nous fais part de ton choix (dont je ne peux mesurer la difficulté n'en ayant pas ... des ovaires) sans nous donner aucune des raisons qui t'ont amené à le faire, je n'exprimerai pas ce jugement de valeur. Non pas parce qu'il va dans un sens qui ne te convient pas mais parce qu'il aura été établi sur des bases trop superficielles pour être solides (à défaut d'être définitives puisque j'ai exprimé que cela n'existait pas).

    Maintenant, tu as fait un choix. À vrai dire tu en as fait deux puisque non contente d'avoir pris cette décision, tu as choisi en plus d'exprimer ce choix et, tu ne l'ignores pas voire même tu le revendiques, les choix sont fait pour être assumés. C'est même sans doute ce qui est le plus difficile. Car, en effet, tout le monde ne peut comprendre ce choix, tout le monde a le droit d'avoir un avis sur le sujet, et, malheureusement, on ne place pas tous le curseur de la délicatesse de l'expression de ces avis au même endroit.
    Je t'invite donc la prochaine fois que tu rencontreras une personne dont la réaction à ce choix sera une logorrhée moralisatrice te donnant d'achever ton interlocuteur/rice à coup de Doc Marteens dans le fibrome à te dire la chose suivante: "Femme de peu de foi que je suis, ne suis-je pas en train d'arrêter un jugement sur lui (ou elle) ? Finalement subir de telles âneries, c'est aussi ça « assumer » ! Rhalala quel con ce Greg !"

    D'ici là, tu peux continuer à écrire des billets "coup de gueule" qui sont toujours plaisant à lire

    ;-)

    [Voilà, là c'est fini...]

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    1. :-) Tu devrais commenter plus souvent...;-)
      Tu dis que je n'explique pas vraiment mon choix? Tu parles des raisons qui m'y ont conduite... relis mieux, j'en exprime un certain nombre ;-)
      Avoir un point de vue/une opinion sur une question n'est pas juger... que des personnes ne comprennent pas mon choix et que l'on en discute ne m'a jamais dérangé et cela a même donné lieu à des débats passionnés et passionnants sur les représentations, les valeurs justement et les choix de vie. Là où je réagis, c'est lorsque ce qui m'est renvoyé relève de l'opprobre, du mépris ou de la condescendance/du paternalisme, entre autre. je laisserai la bêtise (et le manque de tact) à l'écart car je ne la mets pas sur le même plan.
      Assumer (= prendre à son compte, accepter la responsabilité) n'est pas devoir se justifier. J'assume ce choix et ses corolaires. je considère cependant que je n'ai pas à me justifier (à m'excuser) et que j'en dis ce que je souhaite en fonction de mon interlocuteur. Vois-tu les âneries je les tolère/supporte/endure/entends... Être blessée et cataloguée doit-il aussi faire partie d'assumer? Comme je ne sais quel processus expiatoire de ne pas vouloir me soumettre aux normes sociétales? Pas d'accord! Et je trouve que c'est facile, une manière de se dédouaner que de dire "bah, elle a fait un choix, à elle d'assumer et donc je dis ce que je veux". Non...
      Merci de ton commentaire, tu devrais continuer à en écrire ici... ;-)

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    2. Haaaaaaaaaaaaaaaaan ! "Relis mieux" mais mais haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan ! Me dire cela à moi le maître es "LectureEntreLesLignesPourTrouverLeSensCachéMêmeQueTuSaisPasQueTuLYAMis" mais mais Ouin quoi ! Je n'ai pas dit que telle la petit Poucette (oui je sais) tu n'avais pas laissé traîner ici ou là quelque indice mais rien qui ne me permette de poser un jugement.
      Je te ramène à une des définitions du mot jugement (trouvée dans le Larousse) : "Action de se faire une opinion sur quelqu'un ou quelque chose". Oh je ne fais pas cela avec condescendance mais parce que tu le sais sans doute, j'aime le sens des mots et je déteste être mal compris.
      On voit donc que opinion, point de vue, et jugement participent du même processus de penser. A vrai dire le jugement est moins fermé que l'opinion puisqu'il la précède (tout alors reste possible).
      Mais alors, pourquoi rejeter systématiquement cette notion de jugement ? Je n'ai pas cette réponse et suis toujours surpris du potentiel négatif que les gens de nos jours y accolent...
      Quant à assumer, une autre définition (toujours le Larousse) dit: "Se considérer comme solidaire d'un état, d'une situation, d'un acte et en accepter les conséquences" ce qui est une définition plus ouverte aussi puisqu'elle autorise à être actif.

      Maintenant, à tous ceux qui blessent ou cataloguent Serval Frayer, j'ai de la peine pour vous.... Oui de la peine car vous l'observez à travers le prisme de vos propres limitations et vous vous privez d'un monde infini d'échanges enrichissants. Je vous donne donc rendez-vous devant "Les anges de la réalité" qui semblent être la meilleure représentation de vos aspirations.

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    3. Probablement que l'institution judiciaire utilisant ce terme, il a fini par se teinter d'une connotation négative : juger-> dire le droit -> quelque chose de définitif ("autorité de la chose jugée"). De nos jour, il me semble qu'avoir une opinion, un point de vue est moins définitif et plus respectueux des personnes que le jugement qui est plus abrupt, froid. Il y aurait comme une souplesse dans l'opinion que le jugement n'aurait pas... Je suis d'accord avec toi sur les définitions du dictionnaire. Tu sais cependant bien qu'entre la définition littéraire et littérale d'un mot et l'utilisation que l'on en fait, il y a des variations et des représentations qui y sont attachées ;-)
      En ce qui concerne assumer, aurais-tu eu l'impression que je ne suis pas active dans le processus? ;-D Accepter les conséquences ne veut pas dire courber l'échine...^^

      PS : \__________o__________/

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    4. Amusant, je n'ai pas cette conception de ce qu'est l'institution judiciaire qui à mon sens est surtout là pour trancher les litiges. Je pense qu'on ressent ses jugements négativement quand on à une opinion en opposition avec ceux-ci... Personnellement je n'ai pas de souci avec l'aspect définitif des jugements qu'elle rend et donc n'arrive pas à y voir quelque chose de négatif. En définitive c'est un jalon sur le chemin du vivre ensemble.
      Je pense que c'est parce qu'on refuse le jugement de valeur, qui est très connoté "éducation à papa", qu'on arrive à oublier ce qu'est le respect d'autrui dans l'expression de sa propre opinion.

      Quant à "assumer", je n'ai aucun problème avec l'idée que d'accepter les conséquences peut être l'acceptation de devoir lutter. C'est quand les vérités individuelles se mélangent, parfois vigoureusement, que les solutions apparaissent.
      PS: PlusPetitQueTroisSurToi

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    5. J'ai l'impression qu'on vient toucher là à nos propres représentations de ce qu'est juger, le jugement de valeur et l'opinion :-) Et on va en revenir à une discussion que nous avons eu plusieurs fois sur les vérités et LA vérité... Poser un jugement de valeur veut dire que tu décides d'une hiérarchie des valeurs de l'autre par rapport aux tiennes. Bien sûr que de ton point de vue certaines valeurs sont plus importantes que d'autres et ce que pense la personne en face sera différent. Cela ne veut pas dire que ce que tu penses est mieux ou que ce qu'elle pense est moins bien. Ce sera juste différent. (don't Godwin me please...^^) Confronter les valeurs ne veut pas dire les faire s'affronter... pour moi, un jugement de valeur revient à faire s'affronter et non se confronter les points de vue... Et ça change tout...
      Ceci renvoyant aussi au mélange vigoureux auquel tu fais référence ;-)
      Quand au droit et à l'institution judiciaire : elle est indispensable au vivre ensemble, oui (et je n'ai pas non plus de problème avec ça...)

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    6. Ah non hein ! On ouvre pas cette discussion là hein STP ! (Vérité/vérités) celle là elle est réservé pour une soirée Bière/Pastis/Vin rouge
      Le truc avec le refus de hiérarchiser des valeurs est que cela renvoie à la question du choix collectif ou du consensus (qui m'habite d'ailleurs) et ça de nos jours, c'est compliqué car on vit dans une société qui refuse les références par peur de les ériger au-dessus du lot... et ça c'est le mal ! ("Mandieu Lucette, vous avez vu le petit Jérémy, il est devenu une élite de la nation, c'est le mal !!! Lui qui était si gentil").
      Personnellement je trouve que si on refuse de hiérarchiser des valeurs, on peut difficilement en partager avec autrui (j'avais un truc avec une cochonne mais c'était un peu Olaie Olaie). Confronter des valeurs les unes aux autres, n'amène pas nécessairement le concensus alors que les faire s'affronter permet, peut-être, de dégager un terrain d'entente :D

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    7. Non on, je n'ouvre pas!! ;-p
      Ouais bon, on se la fait quand cette soirée gastronomie de l'esprit et du palais? ;-D
      Je fais une distinction entre les valeurs collectives d'une Société et les valeurs portées par les individus à titre personnel. Cela ne veut pas dire qu'elles sont antinomiques d'ailleurs...
      Pourquoi diable voudrais-tu un consensus...? Tu veux dire par rapport aux valeurs Sociétales? N'est-ce pas là que le droit intervient?
      C'est la confrontation qui, à mon sens, permet l'échange et la recherche de bases communes... L'affrontement ne conduit qu'à rigidifier les positions et au dialogue de sourds qui ne signent pas (ouais, humour d'éduc')

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    8. Si le droit intervient c'est généralement que le conflit est déjà là et que par conséquent on en est déjà à l'affrontement.
      Pourquoi vouloir du consensus ? Pour que toute confrontation ne finissent pas devant un tribunal.
      La confrontation est la mise en présence de deux parties, elle ne garantit pas d'interaction ou d'échange, même en matière de valeur.
      Si l'affrontement rigidifie, pose un brevet, les producteurs de Viagra vont s'inquiéter ;-)

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  6. J’ai une tante qui s’est trouvée veuve avec deux enfants en bas âge à 35 ans. De toute évidence, elle n’a jamais choisi le cancer du fumeur qui a emporté son jeune mari de Tonton. Elle a aujourd’hui 65 ans et personne ne lui connait ni ne lui a connu de nouveau compagnon depuis. La conformité d’une vie en couple que nous projetterions sur elle n’a jamais trouvé de place dans son cœur. Pourtant elle ne porte pas, elle ne porte plus ce deuil comme un fardeau depuis longtemps. Et sa nature joyeuse de grand-mère prolifique illumine nos réunions de famille.

    Les circonstances nous font plus que l’inverse. Je crois – puisqu’il s’agit de donner son opinion - qu’il est illusoire d’attribuer un pouvoir excessif à notre capacité de conduire quoi que ce soit en la matière. Il faut faire avec les contingences, s’accommoder des circonstances. Le pouvoir d’agir de notre volonté est dérisoire, même s’il est paradoxalement vital de croire que nous maîtrisons quelque chose dans le cours de notre existence. En d’autres termes, expliquer que ce qui nous arrive est le fruit de notre force de caractère est un exercice à la fois hautement nécessaire, mais désespérément vain.

    De la même façon, on ne peut agir sur les « passions tristes » décrites par SPINOZA, de ceux que nous côtoyons. Leurs propres tristesses, leurs peurs de l’altérité, les interrogations qu’elle fait éventuellement naître dans leur for intérieur, peuvent trouver une échappatoire dans l’expression de leur jugement, voire de la haine à notre égard.

    « Amor fati », disait NIETZSCHE. Aime ton destin. Voyage léger à travers l’existence. Ne t’encombre pas de regrets ni d’illusions.

    @BicyleRepairMan

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  7. Depuis que je suis ado, je dis que je ne veux pas d'enfants. On m'a toujours dit "Tu verras, tu changeras d'avis". Aujourd'hui, j'ai 35 ans, je suis heureuse en couple mais je ne me sens pas prête à avoir des enfants. J'envisage de ne jamais être prête. Comme toi, je pense que j'aime trop les enfants pour vouloir en faire, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Souvent, les femmes qui ont des enfants me disent "Je n'aurais pas imaginé ma vie sans enfants, je sais pas comment tu fais". A chaque fois, je me dis qu'heureusement que je ne suis pas stérile parce que ce genre de propos est terriblement blessant. On dit aussi que je suis égoïste, une collègue m'a un jour conseillé d'aller voir un psy parce que "c'est pas normal, t'as pas de cœur". Je trouve ça fou que dans cette société moderne où tout le monde parle de libertinage, de clubs échangistes, de sa sexualité, en somme, le non-désir d'enfants reste le tabou ultime...

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